Charles TOURNEMIRE
Éclats de Mémoire
Avant-Propos, notes et Epilogue de Marie-Louise Langlais

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à Odile Weber



Avant-Propos


    Depuis longtemps déjà, on connaissait l’existence de Mémoires rédigés par Charles Tournemire ; confirmée par l’un ou l’autre des visiteurs d’Alice Tournemire, cette existence se parait cependant d’un certain mystère. Aux dires de Robert Lord, la veuve du compositeur avait coutume de lui lire à haute voix de longs extraits de ces Mémoires, mais sans jamais lui montrer ni lui laisser le manuscrit entre les mains.

    Richard Isée Knowles, lui, a eu le privilège d’en parcourir le texte intégral; son témoignage est, à cet égard, précieux :


    « Alice Tournemire nous connaissait, ma sœur Pamina et moi, depuis notre plus tendre enfance. Au fil du temps, elle avait noué une amitié indéfectible avec notre mère, la violoniste Lucia Artopoulos, premier prix du Conservatoire de Paris, puis élève de Thibaud et d’Enesco. Alice et Lucia avaient lié leur destin au violon. Elles se retrouvaient même côte à côte dans les jurys de concours. Ce pour dire que, depuis toujours, ma sœur et moi avions conquis l'affection d'Alice Tournemire. Par ailleurs, elle éduqua notre goût pour l'œuvre de baudelairiens, hélas injustement oubliés, tels Jean Royère ou Alphonse Séché.

    A l'époque, j'assistais déjà avec assiduité aux réunions de la Société Baudelaire auxquelles, jadis, avait participé Tournemire. J'avais alors 22 ans. Ancien lauréat du Conservatoire de Paris dans la classe de Norbert Dufourcq, je m'apprêtais à me consacrer à des études philosophiques et littéraires à Oxford.   

    En 1974 donc, je suis convié par Alice, âgée de 73 ans, à la seconder dans le déchiffrement et la structuration du manuscrit des Mémoires de Tournemire.

    Nous venions de prendre le thé. Alice dessert la table pour la garnir d'une boîte cartonnée d'où elle extrait les fragments épars des Mémoires calligraphiés par le compositeur. Les feuilles jaunies aux bordures arachnéennes sont souvent déchirées. 

Elles sont parfois paginées. Certaines ont été rédigées hâtivement, même au verso d'un programme de concert. D'autres ont une expressivité plus définitive. A peine ai-je terminé une première lecture polarisée sur la cohérence des idées brassées dans ces quelque trois cents pages manuscrites que, brusquement, Alice me tend une paire de ciseaux. Impérieuse, elle m'exhorte à exclure tous les passages qui contreviendraient à un enchaînement logique des pensées ou des événements, mais également ceux qui dérogeraient à la  « délicatesse des sentiments » (dixit Alice). La censure m'ayant toujours inspiré un profond dégoût moral et intellectuel, je décline, séance tenante, l'honneur de coéditer les Mémoires de Tournemire. Par la suite, Alice prendra conseil auprès de moi au sujet des écrivains qui avaient hanté l'imagination du compositeur, comme Péladan, de la Société Baudelaire. Mais désormais, l'examen du manuscrit sera placé sous sa seule responsabilité.

    Qui avait raison ? Qui avait tort ? La désaffection de deux éditeurs bien pensants qui avaient jaugé plusieurs pages du manuscrit intégral légitimait, peu ou prou, les pressentiments d'Alice. Certes, les Mémoires étaient tissés de mots intempérants, flagellant le philistinisme et les coteries. Leur dandysme était sans compromissions. Ce nonobstant, l'épouse et éditrice de Tournemire, Alice, soucieuse de l'image que le mémorialiste se devait, selon elle, d'offrir à la postérité, sacrifiera les diatribes incandescentes de ce contempteur de la médiocrité à la pensée du créateur dont l'œuvre porte à son apogée les valeurs éternelles. Qui a eu raison ? Qui a eu tort ? L'on pourrait se demander si la rebuffade des deux éditeurs ne doit pas plutôt être considérée comme un gage de la qualité des passages incriminés. Car la plume inquisitoriale que Tournemire emprunta à Barbey d'Aurevilly et à Léon Bloy pour cravacher un Widor ou un Vierne, envahissait le lecteur d'une telle délectation que toute idée de jalousie revancharde était balayée par l'image que le compositeur-mémorialiste se faisait de l'homme supérieur, le dandy qui, d'après Baudelaire, devait "aspirer à être sublime sans interruption" ».


    Le refus catégorique de Richard Isée Knowles de coopérer à l’édition des Mémoires aurait pu donner un coup d’arrêt définitif au projet d’Alice Tournemire, condamnant pour toujours le texte à l’oubli. Il n’en fut rien ! La veuve de Charles Tournemire était obstinée, elle voulait que son « grand homme » reçoive l’hommage qui lui était du. Ces Mémoires devaient paraître, avait-elle décidé, c’était pour elle une mission sacrée qu’elle entendait bien mener à son terme.

    Quelques temps plus tard, dans les années 1978-1979, elle demanda, déjà âgée, au musicologue Joël-Marie Fauquet d’établir le catalogue complet des œuvres de son mari, aux fins d’édition. Durant cette période, le musicologue la persuada  de déposer à la Bibliothèque Nationale de France l’ensemble des manuscrits musicaux de Tournemire en sa possession,  contactant, à cet effet, François Lesure, directeur du département de la musique à la BnF, et réglant avec lui les modalités de ce dépôt, en plein accord avec Alice Tournemire.

    Parallèlement, Joël-Marie Fauquet classait, au domicile d’Alice Tournemire et toujours en sa présence, la volumineuse correspondance (près d’un millier de lettres) adressée au compositeur par diverses personnalités de tous horizons et de tous pays, au nombre desquelles l’américain William C. Carl, le canadien Lynwood Farnam, le belge Flor Peeters, l’espagnol Josep Muset-Ferrer, les français Joseph Bonnet, Alexandre Cellier, Abel Decaux, Maurice Duruflé, Maurice Emmanuel, Jean Langlais ou Olivier Messiaen, parmi tant d’autres.


« Quand le classement fut terminé, précise Joël-Marie Fauquet, madame Tournemire me confia cette correspondance sans me préciser expressément la destination que je devais lui donner. C’est moi seul qui ai décidé de faire don de la totalité au département de la Musique à la Bibliothèque Nationale de France, le 16 décembre 2006. »


    Une fois assurée la préservation des manuscrits et de la correspondance, il restait en suspens la question des Mémoires. Ayant échoué à les coéditer en 1974 avec Richard Isée Knowles, Alice Tournemire reprit près de vingt ans plus tard son projet initial : les faire revivre dans une version expurgée, « comme l’aurait fait Tournemire lui-même ».

    A ses neveux Odile et Denis qui lui demandaient en 1991 quel cadeau d’anniversaire elle souhaitait pour ses 90 ans, elle répondit, à leur stupéfaction : « Une broyeuse de documents ». 

    Que voulait-elle faire disparaître ? De vieux papiers sans valeur, des factures peut-être, plus certainement l’original des précieux Mémoires de son mari après les avoir réduits « à sa façon »…

    Percluse d’arthrose, aux dire des ses neveux, elle ne pouvait réaliser elle-même la copie du manuscrit ; elle se mit donc en quête d’une secrétaire avec l’idée arrêtée qu’une fois ces Mémoires dictés, épurés à son idée pour la gloire de Tournemire, elle en détruirait les feuillets manuscrits à la broyeuse…



Alice Tournemire et sa nièce Odile vers 1951, dans la librairie rue du Pré-aux-Clercs (collection Odile Weber)



    Fin 1992, alors âgée de 91 ans, elle recruta Sylvie Schwartz à ce dessein; à la fois enseignante et traductrice, cette jeune femme revenait des Etats-Unis et cherchait du travail. Mise en contact avec Alice Tournemire par l’intermédiaire de sa tante, elle vint régulièrement, rue Notre-Dame-des-Champs, taper à la machine le texte que lui dictait la vieille dame, à raison de deux heures, deux fois par semaine, pendant six mois, De temps en temps, « pas très souvent» se souvient-elle, la lecture était interrompue par ce commentaire :

    « On ne peut pas mettre ce qui suit. Il y a des survivants, cela pourrait les blesser ». Pour parachever son œuvre, Alice Tournemire ajouta même au titre Mémoires une datation, crédible sinon originale : 1886-1939.

    Une fois sa mission achevée, Sylvie Schwartz noua même des liens amicaux avec la vieille dame, lui servant même, à l’occasion, de dame de compagnie.

« C’était quelqu’un de très gentil », conclut-elle.


    Alice Tournemire avait ainsi mené à son terme et sans fléchir son projet initial, pour la plus grande gloire de Charles Tournemire ; cependant le tapuscrit de 194 pages  ne trouvait toujours pas d’éditeur. Après la mort d’Alice, le 14 septembre 1996, la question se posa donc tout naturellement à ses héritiers Odile Weber et Denis Freppel, ses neveux et uniques légataires : Que faire de ce texte ?

    Odile Weber autorisa tout d’abord certains musicologues, tels le Père Jésuite  américain Stephen Schloesser ou Pascal Ianco, à effectuer des photocopies du tapuscrit. Les Mémoires servirent ainsi de fil rouge à leurs recherches et à leurs publications. Plus tard, en 2012, contactée par James-David Christie, Odile Weber accepta de très bonne grâce de les faire publier par la revue L’Orgue :


« Suffisamment d’années se sont écoulées depuis la mort de Charles Tournemire en 1939, nous dit-elle, et la plupart des protagonistes de l’époque, qui auraient pu être blessés par les propos du compositeur, ont aujourd’hui disparu. Il n’y a donc plus d’obstacle à cette publication. »


    Pourquoi ce choix de la revue L’Orgue ? Il est bon de rappeler ici les liens particuliers qui ont uni Charles Tournemire et  les « Amis de l’Orgue » dans les années 30 : le compositeur mettait en effet régulièrement à disposition de cette Société « son » orgue de Sainte-Clotilde pour au moins un de leurs concerts annuels, le jeudi soir en général; dès 1932, l’association y fit même entendre les lauréats de ses concours bisannuels d’exécution, improvisation et composition. En mettant ainsi en valeur la musique des Duruflé, Fleury, Langlais ou Daniel-Lesur parmi d’autres, Tournemire contribua au rayonnement et au succès de la jeune école d’orgue française.

    Il soutint les « Amis de l’Orgue », même s’il eut parfois quelques mots assez durs envers ses instances dirigeantes; il ne fut guère plus tendre, il est vrai, avec ses confères ou même ses anciens élèves, qu’il égratignait parfois de façon impitoyable.


    Le tapuscrit dicté par Alice Espir-Tournemire à Sylvie Schwartz, support du présent travail, renferme à la fois des mémoires, un catalogue commenté, un journal, un recueil de textes, maximes et pensées qui ont retenu son attention et qu’il a pris l’habitude de recopier à la main dès 1903 sous l’influence de sa première femme; cet  ensemble disparate, fort intéressant au demeurant, n’a d’autre unité que le nom du compositeur. C’est pourquoi, au titre général de « Mémoires », j’ai préféré l’intitulé Eclats de Mémoire, considérant que le mot « Mémoires » n’est  qu’une des composantes d’un ensemble éclaté dont l’aménagement final demeure sujet à caution, Tournemire ne l’ayant pas lui-même validé.

    Bien qu’ayant saisi sur ordinateur l’ensemble du texte dactylographié, je n’en ai gardé que les éléments directement liés à la musique. Ce faisant, j’ai pris la liberté de retrancher deux périodes qui semblent ressortir plus des préoccupations historiques ou poétiques de Tournemire que de considérations musicales. Incompétente en science analytique des textes littéraires, je laisse bien volontiers le soin à la revue L’Orgue de publier ultérieurement, en l’annotant, l’intégralité du texte dicté par Alice Tournemire.

    Je n’aurais certainement pas, en conscience, effectué cette réduction si je n’avais eu connaissance des commentaires de Richard Isée Knowles. Ayant, en effet, lu et jaugé l’ensemble original manuscrit d’environ 300 feuillets épars, il l’a décrit non comme un cahier broché mais plutôt comme un corpus de feuillets de différentes tailles, non paginés pour la plupart, assemblés dans un ordre dépourvu de logique dans un simple carton.     Et le classeur « Mémoires » avec la signature de Tournemire reproduit ci-dessous est bien trop mince (reliure cartonnée format A4, épaisseur 1cm) pour inclure à lui tout seul 300 feuilles.

































Classeur des Mémoires de Charles Tournemire avec titre et signature autographes.

             (Archives de la Société Beaudelaire, cliché aimablement communiqué par Richard Isée Knowles)




    Si l’on tient compte des observations de Richard Isée Knowles et si l’on compare le chiffre des quelques 300 pages manuscrites qu’il a examinées en 1974 avec celui des 194 pages typographiées du tapuscrit final, on peut en déduire qu’il manque environ le tiers du manuscrit primitif  et que la mise en ordre et la pagination des feuillets tapés à la machine doivent sans doute tout, non à Charles Tournemire, mais à l’arbitraire de sa veuve.

  

    Décrivons plus précisément le tapuscrit objet du présent travail : il compte 194 feuilles dactylographiées et paginées, incluant 9 exemples musicaux manuscrits. Leur écriture malhabile et leur aspect incomplet (manquent en effet phrasés, accents et nuances) désignent la main d’Alice, âgée de 91 ans au moment de la dictée des textes de Tournemire. Ces exemples sont ici restitués tels quels, à leur place dans le tapuscrit.

  

    A l’analyse, on distingue trois parties distinctes imbriquées les unes dans les autres : dans une première partie, pages 10 à 28, Tournemire évoque en mémorialiste ses souvenirs de jeunesse à Bordeaux, son arrivée à Paris en 1886, ses années d’études au Conservatoire. Ses commentaires plein de verve témoignent de sa curiosité et de sa personnalité; il dresse, en particulier, un émouvant portrait, plein de ferveur, de son maître vénéré César Franck, à mettre en parallèle avec celui, brossé à la même époque, par Louis Vierne. Viennent ensuite l’évocation de ses débuts dans la vie professionnelle, la nomination à l’orgue de Sainte-Clotilde en 1898, les années de vaches maigres ; sa rencontre en 1900 et son mariage, le 3 novembre 1903, avec Alice Georgina Taylor, femme exceptionnelle, d’origine anglaise, riche et cultivée, vont rapidement changer sa vie ; grâce à la fortune de sa femme,  Tournemire va se consacrer exclusivement à la composition tout en s’ouvrant aux richesses de la littérature ;  en lui mettant sous les yeux de nombreux ouvrages traitant d’histoire et de religion, Alice Taylor-Tournemire va lui forger une véritable culture et l’initier à de nouveaux horizons grâce aux écrits de  certains auteurs engagés, tels Joséphin Péladan, son beau-frère, Ernest Hello ou Léon Bloy. Leur influence et leur idéologie marqueront de façon capitale tant sa réflexion que son œuvre musicale.

 

    Dans une seconde partie, pages 28 à 46, le compositeur établit « scientifiquement » le catalogue commenté de ses premières œuvres, assorti de la liste des auditions qui leur ont été consacrées ; il évoque ses succès, importants, en particulier en ce qui concerne l’orchestre, ses concerts, quelques commentaires, pas toujours amènes, sur certains de ses élèves, sa nomination à la classe de musique d’ensemble au Conservatoire de Paris en novembre 1919, puis le deuil douloureux de sa femme, morte l’année suivante, en 1920.

    A partir de 1933, le jeudi 6 avril exactement, commence, page 47, une troisième section, la plus importante par la taille et l’intérêt historique, que j’ai intitulée « Journal » ; écrit au jour le jour, il égrène les faits marquants de sa vie, tels la restauration de « son » orgue de Sainte-Clotilde en 1933 ou son remariage avec Alice Espir en 1934. Dans ce « Journal » il donne de nombreux et fort intéressants détails de la vie musicale parisienne, citant pêle-mêle articles de journaux et critiques, recopiant soigneusement les lettres les plus importantes que lui envoient des correspondants de tous pays. Il accable volontiers Widor, successeur de Franck à la classe d’orgue du Conservatoire en 1890, mais aussi ses collègues organistes Dupré ou Vierne ; il insiste sur ses brouilles avec d’anciens élèves, et non des moindres, comme Bonnet, émet des appréciations peu flatteuses et parfois surprenantes sur certains musiciens, Ravel ou Messiaen.

    Puis, le temps passant, et au-delà de l’immense succès remporté partout dans le monde par son Orgue Mystique, apparaît chez lui un sentiment grandissant de frustration, l’impression qu’on ne joue pas ses œuvres, en particulier d’orchestre, la certitude qu’il n’est ni compris ni apprécié à sa juste valeur. Ce sentiment négatif s’accentue de plus en plus, le menant jusqu’à l’agressivité et l’enfermement en lui-même, d’autant que sa situation financière, critique dès après son remariage en 1934, l’accable et l’inquiète. Il harcèle les institutions officielles, en particulier le directeur de l’Opéra de Paris, mais aussi des chefs d’orchestre français, pour que sa musique symphonique soit jouée ; il ne cesse de s’en prendre à ses éditeurs, accusés de n’en faire jamais assez pour lui.

    A la fin des années trente, il ne se fait plus guère d’illusions : ses problèmes de santé et d’argent s’accumulent ; pressentant l’arrivée imminente de la guerre tant redoutée avec l’Allemagne, épouvanté par Hitler et le nazisme, il se réfugie avec sa femme chez sa sœur Berthe, à Arcachon, pendant l’été 1939, jusqu’au jour funeste où un patron de pêche le découvre sans vie, face contre le fond d’un canot, dans un parc à huîtres du bassin d’Arcachon, le 4 novembre 1939, jour de la Saint Charles.


    Fin de partie pour l’une des figures tutélaires et l’un des organistes-compositeurs les plus originaux du XXe siècle, entré déjà de son vivant dans un semi purgatoire si l’on considère l’immensité de son catalogue : 76 opus d’après Joël-Marie Fauquet, incluant  8 Symphonies pour grand orchestre, plusieurs oratorios, de la musique de chambre, des mélodies, du piano seul, des ouvrages à visée pédagogique et, bien entendu, un immense corpus dédié à l’orgue, dont L’Orgue Mystique forme le centre lumineux. 

    Malheureusement pour lui, sa dévotion au chant grégorien, la très haute idée qu’il se faisait de sa mission d’organiste d’église, son credo quelque peu outrancier : « Toute musique d’où Dieu est absent est INUTILE », l’éloignent de plus en plus de ses contemporains, impressionnés surtout, comme aujourd’hui d’ailleurs, par ses improvisations exceptionnelles, incluant celles reconstituées par Maurice Duruflé en 1958 ; dans le même temps, ses œuvres écrites, à la personnalité et l’originalité déroutantes, restent, actuellement encore, dans l’obscurité.


    Persuadé d’être à l’égal de Bach ou Beethoven un compositeur « généraliste » de premier plan, il ne se résout pas à n’être considéré « que » comme le premier organiste-improvisateur liturgiste de son temps, l’organiste comblé de l’orgue de Sainte-Clotilde et l’auteur à succès de L’Orgue Mystique.

    Avec son caractère colérique, passionné, sans concession, centré sur lui-même, Charles Tournemire intimide, déconcerte. Aujourd’hui, heureusement,  la possibilité de consulter  à la BnF ses manuscrits musicaux tout comme l’imposante correspondance autographe qui lui a été adressée, l’édition du catalogue de ses œuvres par Joël-Marie Fauquet et les nombreux enregistrements discographiques réalisés depuis 1930, permettent enfin une relecture « intelligente » de l’œuvre, si vaste, de Charles Tournemire dont le purgatoire actuel relève du mystère…

    Puissent ces Mémoires, même amputés, éclairer un peu plus sa vie et rendre justice à l’un des compositeurs français les plus fascinants et originaux de son temps…



Remerciements



    Je tiens à exprimer de chaleureux remerciements au Dr. Robert Sutherland Lord, au Père Jésuite Stephen Schloesser et au professeur James David Christie, des Etats-Unis, pour m’avoir mise sur la piste de ces Mémoires soustraits au public depuis plus de soixante-dix ans.


    Les encouragements et la générosité d’Odile Weber et de son frère Denis Freppel, nièce et neveu d’Alice Tournemire, soucieux de poursuivre l’œuvre de leur tante, ont été essentiels à la  résurrection de ce texte. J’ai également  reçu les précieux témoignages de Richard Isée et Pamina Knowles, amis de longue date d’Alice Tournemire, et de  Christian Lesur, fils de Daniel-Lesur. Sans compter l’aide musicologique très amicale de Joël-Marie Fauquet, l’un des premiers à avoir travaillé au catalogue et à la conservation de l’œuvre de Tournemire. Tous m’ont confié de beaux clichés originaux qui illustrent à merveille la vie de Charles Tournemire. Je remercie enfin, pour son témoignage, Sylvie Schwartz, la rédactrice infatigable des Mémoires sous la dictée d’Alice Espir-Tournemire en 1992.

 

    Que toutes et tous soient ici remerciés, rien n’aurait été possible sans leur aide…


             Marie-Louise Langlais

        Paris, 1er décembre 2014